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L’attribution des circuits FIA Karting : une diversité en question

La saison 2026 de la FIA Karting ne fera pas exception : l’Italie accueillera une nouvelle fois la part du lion des épreuves internationales. Ce constat, loin d’être anodin, soulève un vrai sujet sur la géographie du karting international, ses logiques, ses atouts… et ses limites.

Sur les six dernières saisons (2021 à 2026), l’Italie a accueilli 11 épreuves FIA Karting, très loin devant l’Espagne (7), la Suède (5) ou la France (4). À elle seule, la péninsule concentre près d’un tiers du calendrier. Franciacorta, Cremona, Sarno, Viterbo, La Conca… la liste s’allonge presque chaque année, tandis que d’autres nations, parfois tout aussi légitimes, n’apparaissent qu’en filigrane, quand elles ne disparaissent pas totalement de la carte.

Un sport “international”… au parfum italien
Difficile de contester le poids de l’Italie dans l’histoire du karting. Le pays accueille la majorité des usines, la filière y est puissante, les circuits très professionnels, l’expérience d’organisation éprouvée. Difficile aussi d’ignorer que presque 90 % des châssis, moteurs ou accessoires des plateaux mondiaux sont issus de la “botte”.
Mais faut-il pour autant limiter l’horizon ? Les pilotes eux-mêmes, venus des quatre coins du globe, apprécieraient à coup sûr une vraie variété de tracés et de cultures. Les circuits espagnols, nordiques, allemands, français ou britanniques, pour ne citer qu’eux, répondent désormais à tous les standards FIA en matière de sécurité, d’infrastructures ou de diffusion média. Le Mans, Genk, Kristianstad, Zuera… tous ont prouvé leur capacité à accueillir un championnat du monde ou d’Europe dans d’excellentes conditions.

Des questions qui dépassent le simple calendrier
Le débat n’est pas neuf, et il dépasse largement le strict cadre de la FIA. Les séries privées, comme la WSK, privilégient quasi exclusivement le sol italien, ce qui conduit à une concentration des compétitions sur les mêmes circuits au détriment d’autres pistes d’excellence. De son côté, le championnat Champions of the Future – conçu pour préparer les épreuves FIA – s’aligne généralement sur le calendrier officiel de la fédération, reproduisant ainsi les mêmes choix géographiques d’année en année.
Pourquoi, dès lors, ne pas tenter un rééquilibrage ? Le karting n’est-il pas, par essence, la porte d’entrée la plus internationale du sport automobile ?
Certains circuits cochent toutes les cases mais peinent à trouver leur place dans le programme officiel. L’exemple le plus flagrant : Alahärmä en Finlande, visité pour la dernière fois en 2019 lors d’un Mondial mémorable, et dont les infrastructures restent pourtant une référence. Cet exemple n’est évidemment pas exhaustif, d’autres circuits internationaux de haut niveau restent également à l’écart du calendrier FIA ces dernières années.

L’équilibre, une piste d’avenir ?
Cette concentration géographique pose aussi la question du développement du karting dans d’autres régions, pourtant riches de talents et de passionnés. Donner leur chance à de nouveaux circuits, c’est investir dans l’avenir du sport, stimuler l’innovation, et ouvrir le jeu à tous.
En 2026, Bahreïn signe son retour sur la scène internationale, preuve que l’ouverture reste possible. Mais il s’agit encore d’une exception : la tendance de fond reste européenne, et surtout... italienne.

Chiffres en main, le débat reste ouvert.
Faut-il continuer à privilégier la sécurité du connu, ou oser une dose d’audace ? Le karting, qui reste la principale école de formation et de mise en lumière des futurs talents du sport automobile mondial, ne gagnerait-il pas à retrouver une véritable diversité dans ses destinations internationales ?

Tableau récapitulatif des pays hôtes et des circuits pour les épreuves FIA Karting disputées de 2021 à 2026*
1 - Italie - 11 - Franciacorta (3), Cremona (3), Sarno (4), Viterbo (2), Val Vibrata (1), Adria (1), La Conca (1)
2 - Espagne - 7 - Valencia (4), Zuera (3), Campillos (2), Aragón (1)
3 - Suède - 5 - Kristianstad (5)
4 - France - 4 - Le Mans (2), Val d’Argenton (1), Aunay-les-Bois (1)
4 - Allemagne - 4 - Wackersdorf (3), Mülsen (2)
6 - Belgique - 3 - Genk (3)
6 - Portugal - 3 - Portimao (3)
8 - Danemark - 2 - Rødby (2)
9 - Slovaquie - 1 - Slovakia-Ring (1)
9 - Tchéquie - 1 - Trinec (1)
9 - Royaume-Uni - 1 - PF International (1)
12 - Bahreïn - 1 - Bahrain International Karting Circuit (1)
*Sauf erreur ou omission de notre part.

En bref
- Italie renforce encore son emprise avec 11 passages sur 6 saisons.
- La France revient un peu en 2026 grâce au retour du Mondial au Mans.
- Le Nord (Suède, Allemagne, Belgique, Danemark) reste stable.
- En novembre 2026, Bahreïn accueillera de nouveau une épreuve FIA Karting, une première hors d’Europe depuis la dernière édition organisée sur ce circuit en 2016.

Conclusion : Le poids de la politique dans les choix du calendrier
Au fond, il est probable que les hautes instances du sport préfèrent éviter de prendre trop de risques. Chaque année, ce sont d’abord les ASN (Autorité Sportive Nationale) qui sélectionnent et proposent leurs circuits : à la FIA, ensuite, de retenir les sites et les dates qui constitueront le calendrier final, entériné par le Conseil Mondial. Rien de choquant : le processus est éminemment politique, chacun défend logiquement ses intérêts et ses habitudes, tout cela sous couvert de sécurité, de logistique ou de garanties d’organisation.
Mais il ne faut pas perdre de vue qu’en sport automobile, la politique n’est pas toujours synonyme de développement ou d’équité. Il arrive que cette recherche de stabilité bride l’innovation, ou ralentisse l’émergence de nouveaux terrains de jeu pour les pilotes et les équipes. Ouvrir davantage le calendrier à de nouveaux circuits internationaux, ce n’est pas renier le savoir-faire historique de certaines régions, c’est simplement donner une chance au karting de rester un sport universel, vivant, et fidèle à son esprit d’origine : la diversité, la découverte, et l’ouverture.

Au final, la question reste entière : faut-il préserver à tout prix le confort du statu quo, ou oser un pas de côté pour construire un futur réellement international ? Chacun aura sa réponse. Mais l’enjeu dépasse de loin la simple case d’un calendrier.

Reflexion et visuel Kartcom

Tags: FIA

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